20 ans après la ratification par notre pays de la Convention des Droits de l’Enfant (CDE)
et 11 ans après le lancement par l’Organisation internationale du Travail (OIT) de la Journée mondiale contre le travail des enfants, le 12 juin de chaque année, force est de constater que les filles mineures, à l’instar d’autres groupes d’enfants marocain(e)s, continuent à souffrir de l’exploitation éhontée et profondément scandaleuse dans le travail domestique :
• 80.000 filles de moins de 15 ans sont exploitées en « petites bonnes »
• 40% sont âgées de 12 ans et moins
• 50% en abandon scolaire
• 30% jamais scolarisées
• 60% des familles employeuses savent « l’illégalité du travail des enfants »
Devant l’échec des politiques publiques à éradiquer cette pratique sociale inacceptable construite sur l’ignorance, l’indigence et la perte du sens du devoir parental par des familles laissées pour compte, la société civile, constituée en Collectifs, a pris sur elle de contribuer
à sensibiliser les populations concernées, les acteurs institutionnels, les professionnel(le)s et l’opinion publique, en général. Dans le même temps des associations ont entrepris des programmes de retrait des « petites bonnes » et leur réinsertion dans leur famille et
à l’école. Elles ont apporté par cela la preuve que la réduction de cette pratique, voire son éradication, est possible.
A l’occasion du 12 juin 2013, qui coïncide avec la 11ème Journée mondiale contre le travail des enfants, le Collectif « Pour l’éradication de l’exploitation des filles mineures dans le travail domestique », en appelle à l’opinion publique pour faire de la lutte contre le travail des « petites bonnes » un devoir citoyen, et en appelle au Gouvernement et aux instances élues de prendre en compte les revendications suivantes pour la révision de la politique publique en la matière :
1. Adopter une loi spécifique qui sanctionne l’emploi des filles mineures dans le travail domestique.
2. Définir le rôle de l’Etat et les modalités et les moyens de son exercice dans la protection des filles susceptibles d’être victimes du travail domestique.
3. Définir le rôle des différents organes de l’Etat dans la réparation des effets de l’exploitation dans le travail domestique : protection, accompagnement et réinsertion des « petites bonnes » retirées du travail
4. Définir le rôle des acteurs associatifs et le mode de leur intervention dans le processus de prévention contre l’exploitation des « petites bonnes » et dans la protection, l’accompagnement et la réinsertion des filles retirées du travail.
5. Préciser les sanctions, les modalités et les moyens de leur exécution vis-à-vis de tous les acteurs liés à la problématique des « petites bonnes », chacun suivant leur niveau d’implication.
6. Harmoniser et coordonner les politiques publiques d’éradication du travail des « petites bonnes », à l’échelle nationale et locale, pour optimiser les programmes et constituer un système de veille efficace
Fait à Casablanca, le 12 juin 2013