Une autopsie a révélé que Jaradat Arafat est mort dans les prisons israéliennes sous une torture extrêmement violente, et qu’il n’a pas succombé à un arrêt cardiaque, a déclaré ce dimanche le ministre de l’AP [Autorité de Ramallah] des affaires concernant les détenus.
Arabat pleuré par les siens, dans le village de Sair – Photo : APA/Mamoun Wazwaz
Lors d’une conférence de presse tenue à Ramallah, Issa Qaraqe a déclaré qu’une autopsie menée en Israël, en présence de responsables palestiniens, a révélé que Jaradat, âgé de 30 ans, avait six fractures au cou, à la colonne vertébrale, aux bras et aux jambes.
« Les informations que nous avons reçues jusqu’à présent sont choquantes et douloureuses. L’analyse confirme nos soupçons que M. Jaradat est décédé des suites de la torture, d’autant plus que l’autopsie a clairement démontré que le cœur de la victime était en bonne santé, ce qui réfute l’allégation du communiqué initial présenté par les autorités d’occupation, selon quoi le prisonnier serait mort d’une crise cardiaque », a dit Qaraqe.
Qaraqe réfute les affirmations des autorités d’occupation comme une étant une pure fabrication, et il a appelé à la constitution d’un comité pour enquêter sur les responsabilités dans la mort de Jaradat.
Qarage a ajouté que Jaradat avait des blessures et de graves contusions dans la région du dos, dans la partie en haut à droite, et une de forme circulaire très visible au côté droit du thorax.
L’autopsie a révélé des preuves de torture sévère, également au niveau du muscle supérieur de l’épaule gauche, parallèlement à la colonne vertébrale dans la région inférieure du cou. Sont aussi visibles de graves tortures sous la peau et dans le muscle du côté droit de la poitrine. Ses deuxième et troisième côtes sur le côté droit de la poitrine ont été brisées, a encore dit Qaraqe, et Jaradat portait aussi des traces de blessures au milieu du muscle de la main droite.
Le coeur Jaradat était en bon état et il n’y avait aucun signe de choc cardiaque ou d’accident vasculaire, a ajouté le ministre.
L’adjoint de Qaraqe, Ziyad Au Ain, a exhorté les médecins, y compris les médecins israéliens qui doutaient que Jaradat ait été torturé à mort, d’aller voir son corps dans l’hôpital Al-Ahli à Hébron.
« Jaradat est décédé suite à la torture et non à un accident vasculaire cérébral ou cardiaque », a-t-il dit, ajoutant que les responsables doivent être poursuivis soit par Interpol soit par la Cour pénale internationale.
Le président de la Société des prisonniers palestiniens, Qaddura Fares, a ajouté que l’autopsie a révélé sept blessures supplémentaires : à l’intérieur de la lèvre inférieure, des ecchymoses sur le visage et du sang sur son nez.
Après l’autopsie, le corps Jaradat a été transféré au Croissant-Rouge palestinien par le barrage militaire de Tarqumiya près d’Hébron, et emmené à l’hôpital Al-Ahli. Il sera inhumé lundi dans son village natal de Sair.
L’avocat de Jaradat, Kameel Sabbagh, confirme que son client est mort après avoir été torturé par des interrogateurs israéliens.
Sabbagh, qui travaille pour le ministère des prisonniers, était présent lors de la dernière audience de Jaradat, qu’un juge israélien avait reportée de 12 jours.
« Quand je suis entré dans la salle d’audience, j’ai vu Jaradat assis sur une chaise en bois devant le juge. Son dos était voûté et il avait l’air très abattu et fragile », a déclaré Sabbagh dans un communiqué dimanche.
« Quand je me suis assis à côté de lui, il m’a dit qu’il avait des douleurs graves dans le dos et d’autres parties de son corps parce qu’il avait été battu et pendu pendant de longues heures alors qu’il était questionné.
« Quand Jaradat a entendu dire que le juge reportait son audience, il a paru avoir extrêmement peur et il m’a demandé s’il allait passer le temps restant en cellule. Je lui ai répondu qu’il était encore dans la période d’enquête et que c’était donc possible, et que, en tant qu’avocat, je ne pouvais rien faire pour lui dans cette période. »
Sabbagh a déclaré que l’état psychologique Jaradat était très bas et qu’il avait informé le juge que son client avait été torturé. Le juge a statué que Jaradat devrait être examiné par le médecin de la prison, mais « cela ne s’est pas fait », a ajouté l’avocat.
Ce dimanche, des milliers de Palestiniens ont protesté contre la mort de Jaradat, défilant à travers la Cisjordanie et Gaza, et au moins deux manifestants ont été blessés par des tirs à balles réelles lors d’affrontements avec les forces israéliennes, dont le fils de 13 ans d’un agent de sécurité palestinien.
Des dizaines d’autres ont été blessés par des balles en acier et en caoutchouc.
http://www.info-palestine.net/spip.php?article13255