C’est avec stupéfaction et inquiétude que nous avons appris par un communiqué du Centre Régional de l’Environnement et du Développement Durable d’El Jadida qu’un bateau en provenance d’Italie venait d’arriver au Port El Jorf Lasfar avec à son bord plus de 2500 tonnes de déchets plastiques, caoutchouc et pneus usagers destinés à être incinérés dans la cimenterie d’El Jadida.
A la veille de la tenue de la COP22 à Marrakech et alors que les déclarations d’intention se succèdent à tous les niveaux et pendant même que de nombreuses Marocaines et de nombreux Marocains démontrent leur implication dans l’acquisition d’un environnement assaini, cet acte suscite beaucoup d’interrogations et d’inquiétudes sur le cadre légal de cette « importation », sur les produits importés, sur l’impact de telles opérations sur l’environnement, sur le système de contrôle prévu par les termes de la Convention entre le Ministère et l’Association des Cimentiers qui remonte à plus d’une décennie.
Nous convenons que l’incinération offre aujourd’hui un moyen sûr et efficace d’élimination des déchets ne pouvant être recyclés ou restitués aux sols. Cependant, le recours à l’incinération nécessite des mesures de coordination et de précaution, afin notamment de ne pas contribuer à la détérioration de l’environnement et de la santé de la population.
Nous interpelons le gouvernement marocain à ouvrir une enquête sur les produits importés, sur les installations d’incinération et sur l’opportunité de l’importation qui n’est pas la première du genre et à en rendre publics les résultats pour éclairer l’opinion publique nationale sur les tenants et aboutissants de cette mesure.
Nous demandons, de plus, qu’il éclaire l’ensemble des marocaines et marocains sur le cadre et le contexte permettant à une telle pratique de se dérouler, et ce, à l’aune de l’entrée en vigueur d’une loi qui interdit l’importation, commercialisation et utilisation de sacs plastiques.
Nous nous associons et soutenons les initiatives citoyennes qui témoignent d’un profond souci de notre santé et du droit des citoyennes et citoyens à l’accès à l’information et invitons à la participation aux actions prévues par la société civile notamment dans la région d’El Jadida.
Nous déplorons, par ailleurs, l’importation de déchets plastiques en provenance d’autres pays à l’aune de l’entrée en vigueur d’une loi interdisant notamment l’importation de sachets en plastique.
Le secrétariat de la Coalition Marocaine pour la Justice Climatique
Rabat, le 28 juin 2016