L’extension de la déchéance de la nationalité pour les binationaux nés en France, annoncée par François HOLLANDE devant le Parlement réuni en Congrès le 16 novembre, trois jours après les attentats de Paris et de Saint-Denis, et confirmée lors de son discours de vœux aux français, est une honte et un reniement pour la République.
La mesure tant espérée par le Front Nationale serait-elle mise en place par un gouvernement socialiste ?
En voulant inscrire dans la Constitution la déchéance de la nationalité pour les binationaux nés français, le gouvernement en fait des citoyens de deuxième classe car nés de parents étrangers, et il donne raison à Daech qui cherche à diviser les citoyens. En mettant en place une peine réservée à une catégorie de français, les binationaux, l’État s’apprête à bafouer la notion même d’égalité. La citoyenneté est aussi indivisible que la République.
Cette mesure place les Français binationaux sous un régime juridique différent de celui de tous les autres Français. Cela rappelle les heures les plus sombres de l’histoire de la France, pour mémoire, Vichy a déchu le général de Gaulle de sa nationalité.
Cette mesure ouvre une brèche dans le droit du sol, qui fait partie de l’identité républicaine et qui est attaqué depuis des décennies par l’extrême droite.
Cette mesure est sécuritariste, elle n’aura aucun effet sur la nécessaire sécurité de tous les citoyens, au contraire elle peut impacter fortement les valeurs de l’égalité et de la liberté. Benjamin FRANKLIN ne se trompait pas en prévenant ses contemporains qu’ « un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux ».
Cette mesure est surtout inefficace car elle n’a aucun caractère dissuasif. En effet, comment imaginer que des fanatiques puissent renoncer à commettre des actes sanglants par peur de perdre leur nationalité française alors qu’ils sont prêts à mourir ?
Cette mesure est anticonstitutionnelle : L’article premier de la Constitution stipule que « la France assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine ».
Cette mesure est contre-productive. Le gouvernement a-t-il mesuré l’effet calamiteux sur les relations de la France avec des pays proches, comme ceux du Maghreb, victimes eux aussi du terrorisme, si demain la France leur renvoie à l’issu de leurs peines des terroristes nés, élevés et radicalisés en France parce qu’ils seraient devenus des criminels en France ? On n’exporte pas un terroriste.
Cette mesure n’aurait aucun impacte dans la nécessaire lutte contre le terrorisme. Pire, en reprenant une proposition forte du FN, le pouvoir accrédite les thèses de l’extrême droite, et fait sienne la théorie selon laquelle les maux de la société, quels qu’ils soient, viennent de l’étranger et supposent de chasser l’étranger.
L’AMF dénonce fermement le projet de déchoir de la nationalité pour les citoyens français et condamne toute tentative visant à porter atteinte à la notion d’égalité entre tous les citoyens.
Le romancier américain Chester HIMES disait que «Tout être humain, quelles que soient sa race, sa nationalité, sa foi religieuse, ou son idéologie, est capable de tout et de n’importe quoi».
Le Bureau fédéral de l’AMF
Saint-Denis le 04 Janvier 2016