Premier accord universel sur le climat, l’Accord de Paris, adopté le 12 décembre 2015 lors de la 21e conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP21), engage 195 États et entrera en vigueur en 2020. Il prévoit contenir le réchauffement de la planète « nettement en dessous de 2°C » en 2100 par rapport aux niveaux préindustriels, en « poursuivant des efforts » pour limiter cette hausse à 1,5°.
Sur la photo officielle prise lors de l’inauguration de la COP21, on peut voir une représentation de près de 150 chefs et cheffes d’État et hauts responsables. Combien de femmes se sont retrouvées sur la photo de famille? À peine 11.
Vingt ans après Beijing
Vingt ans après la Conférence mondiale sur les femmes de Beijing, où les pays se sont engagés à « assurer une participation active des femmes aux prises de décisions concernant l’environnement à tous les niveaux« , seules 7% des personnes présentes à Paris étaient des femmes.
Année après année, pratiquement tous les grands accords internationaux ont réitéré l’importance de donner une plus grande place au rôle des femmes, de les intégrer aux prises de décisions, de tenir compte de leur situation spécifique dans les stratégies à mettre en œuvre. Mais la parole des femmes, la prise en compte de leurs besoins et leur influence dans les débats restent loin d’être acquises. Et la COP21 n’a pas fait exception.
L’Accord de Paris tient-il compte des femmes?
De façon quasi unanime, les groupes ayant analysé l’Accord de Paris sous la loupe de l’égalité entre les femmes et les hommes sont déçus.
Selon l’association Adéquations:
« Les droits humains et l’égalité des sexes sont actés dans l’Accord de Paris, mais comparés à des versions antérieures du texte, ils sont affaiblis: ils ont été retirés de l’article 2 sur les objectifs de l’Accord et ne figurent pas dans les parties opérationnelles du texte – où ils auraient revêtu un caractère contraignant. Figurant dans le préambule de l’Accord, les droits humains restent donc non contraignants. […] L’égalité femmes-hommes et l’approche de genre dans les négociations climatiques, progressivement acquises depuis quelques années grâce à la mobilisation acharnée d’associations de femmes et féministes n’est jamais définitivement et pleinement acquise. »
Au-delà de la question de la place des femmes, d’autres éléments essentiels comme la remise en question du modèle agricole, un secteur qui contribue grandement à l’émission de gaz à effet de serre, ne sont pas abordés. Toutefois, les mobilisations de la société civile qui avaient lieu en marge de la COP21, de par leur pluralité et leur ampleur internationale, suscitent l’enthousiasme pour poursuivre les actions.
Les femmes présentes dans les mobilisations citoyennes
Peu visibles autour de la table de négociation, les femmes étaient pourtant bel et bien présentes dans les actions de la société civile. Les mobilisations, les débats et les actions à travers le monde ont rassemblé des milliers de personnes provenant d’horizons divers: des mouvements sociaux, des groupes de femmes, des ONG, des associations paysannes, des groupes environnementaux, des mouvements autochtones.
Les opportunités d’alliances pour la justice climatique sont plus importantes que jamais. Et là, les femmes étaient bien présentes et nombreuses. Elles ont pris la parole, elles ont porté leurs revendications, elles ont participé aux débats, elles ont organisé des actions.
Les femmes ont aussi dénoncé les dommages faits à la planète sous le prétexte du progrès, les actions de certains pays qui les dépouillent de leurs richesses naturelles, les arrestations abusives des défenseurs et défenseures de la nature, les multinationales qui mettent en péril la biodiversité de leur communauté et de leur pays.
Les femmes en première ligne pour l’environnement
Les femmes sont préoccupées par l’environnement, elles s’y intéressent depuis toujours et elles continueront à s’impliquer pour le préserver. Les femmes sont en première ligne. Encore aujourd’hui, elles jouent un rôle majeur dans l’agriculture, l’une des activités humaines les plus affectées par les changements climatiques. Elles sont responsables de la majorité des activités intimement tributaires de la nature comme l’alimentation, l’approvisionnement en eau et en énergie, ainsi que la santé.
Quand l’équilibre des écosystèmes est rompu suite à des actions humaines comme le déboisement, les activités extractives, le déversement provoqué ou accidentel de contaminants ou les monocultures à grande échelle, les femmes sont les premières victimes. Il est donc essentiel de les écouter, mais surtout de leur permettre d’agir. Les femmes jouent un rôle essentiel pour maintenir l’équilibre des écosystèmes.
Mobilisation des femmes contre les effets des changements climatiques
La mobilisation des femmes face aux changements climatiques prend de multiples formes. Des organisations de femmes se sont mobilisées pour lancer l’Appel mondial des femmes pour la justice climatique. Certains de ces groupes et d’autres font partie du groupe Genre et changements climatiques (Women and Gender Constituency), reconnu comme groupe d’influence auprès des Nations unies qui participe aux discussions sur le climat.
Jour après jour, des milliers d’organisations de femmes, d’associations paysannes et de droits humains sont présentes pour appuyer le travail et les luttes des femmes. Ce qu’elles visent essentiellement: assurer que les voix des femmes sont entendues, que la situation particulière des femmes est prise en compte dans les négociations, qu’elles ne sont plus marginalisées dans les discussions.
Ne vaut-il pas mieux en ce sens qu’elles aient une place privilégiée au sein des instances qui décident du sort de la planète ? Poser la question, c’est y répondre.
Les femmes agricultrices sont grandement touchées par les effets des changements climatiques, mais elles sont aussi des actrices de changement dans leur communauté rurale. C’est pourquoi des organisations comme SUCO accompagnent les femmes, tout en considérant leurs besoins spécifiques. Les interventions sont donc adaptées afin de leur donner le pouvoir d’améliorer leurs conditions de vie et celles de leurs familles.
Pour toutes ces raisons, SUCO favorise un modèle agricole durable, loin du modèle dominant actuel basé sur l’utilisation d’intrants chimiques, la mécanisation, la monoculture et l’utilisation irrationnelle des ressources. Au contraire, il faut favoriser une agriculture basée sur le respect de la biodiversité et des ressources naturelles, qui protège l’environnement et reconnaît l’apport des femmes, tout en leur donnant le pouvoir de répondre aux défis posés par les changements climatiques. Les femmes font partie de la solution!