Les organisations œuvrant dans le domaine de la défense des droits humains, des droits des peuples et des solidarités internationales réunies à Tunis du 26 au 30 mars 2013 dans le cadre du Forum Social Mondial, déclarent ce qui suit :
– Considérant que ce forum est un moment fort de luttes sociales pour la démocratie, la liberté, l’égalité en droits, la justice et la paix et qu’il est placé sous le signe de la dignité humaine,
– Considérant que les Amazighs, peuple autochtone de Tamazgha (nord de l’Afrique), subissent différentes formes de négation, de spoliation, d’assimilation forcée et d’oppression dans les différents pays de Tamazgha (nord de l’Afrique)
– Considérant que le peuple Amazigh aspire à jouir de tous les droits et libertés reconnus internationalement à tous les peuples du monde,
Recommandent :
Au FSM
– L’expression de sa solidarité avec le peuple Amazigh et pour la reconnaissance des droits et libertés individuels et collectifs, notamment la liberté de circulation dans tout le territoire de Tamazgha (nord de l’Afrique),
– La dénonciation des violences, des interdits et des intimidations exercés par les services de police sur les militants des droits humains et les entraves à la liberté de circulation des citoyen-ne-s. L’Etat algérien doit être particulièrement dénoncé pour avoir empêché le militant Amazigh Hocine Azem de quitter le territoire algérien pour rejoindre le FSM et pour avoir tenté d’empêcher une centaine de militants associatifs algériens d’entrer en Tunisie et d’avoir confisqué à un des militants le drapeau amazigh,
– Le soutien aux prisonniers politiques au Maroc, particulièrement ceux qui ont été incarcérés pour avoir défendu les droits des populations autochtones à leur terre, à leurs ressources naturelles et à leur langue et culture (notamment Mustafa Oussaya, Hamid Ouattoch, Jamal Ouassou, Hocine Ait-Baha et Mustafa Ouchtoban),
– Le soutien à la population du village de Imider (Maroc), en grève depuis 19 mois contre la Société Métallurgique d’Imider (SMI), soutenue par le gouvernement, qui les dépossède abusivement de leur terre et de leurs ressources naturelles, notamment l’eau, ressource rare et vitale pour cette communauté vivant dans une zone désertique du sud du Maroc,
– Le soutien à toutes les luttes des communautés contre l’accaparement des terres et les spoliations des ressources naturelles notamment dans les zones de montagne et pour le droit à la gestion en biens communs de leurs territoires dans le monde,
– Le soutien du droit à l’autodétermination de tous les peuples, sans distinction et particulièrement les peuples qui souffrent d’une situation coloniale.
Aux Etats du nord de l’Afrique
– De mettre fin immédiatement à toutes les législations et les pratiques notamment administratives et policières abusives qui violent gravement le droit de réunion et le droit à l’expression des organisations de la société civile et des mouvements politiques démocratiques comme ce fut le cas récemment au Maroc et en Algérie,
– De reconnaître pleinement la diversité des peuples, des communautés, des langues et des cultures, comme cela est recommandé à maintes reprises par toutes les organisations internationales, notamment l’Unesco et les différents organes pertinents de l’ONU,
– De respecter leurs engagements et leurs obligations particulièrement en matière de reconnaissance et de respect des droits humains et des libertés fondamentales tels qu’ils sont universellement admis. Les Etats du nord de l’Afrique sont instamment invités à reconnaître au peuple Amazigh le statut de peuple autochtone et à respecter dans sa totalité la Déclaration des Nations Unies pour les droits des peuples autochtones,
– Dans tous les pays de Tamazgha : La reconnaissance constitutionnelle de l’identité amazighe, la reconnaissance de la langue amazighe comme langue officielle et sa traduction immédiate dans une législation en faveur de la langue et de la culture amazighes dans ces pays.
Aux instances internationales
– Les Etats et les principales instances internationales, particulièrement l’ONU, l’UE et l’UA, sont instamment priés de mettre en œuvre tous les moyens politiques, juridiques et financiers afin de contraindre les Etats nord-africains à respecter leurs obligations internationales en matière de droits individuels et collectifs,
– Les instances internationales sont interpellées au sujet du phénomène de militarisation dans les pays du nord de l’Afrique, ce qui constitue une grave menace pour la sécurité des populations, comme par exemple l’Archipel Canarien utilisé par l’Otan comme base militaire pour le contrôle du continent africain,
– Concevoir et mettre en place des dispositifs visant à créer au niveau international, des espaces de participation des organisations de la société civile, dans toutes les négociations internationales,
– Dans le cadre du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, reconnaître et soutenir le droit du peuple Kel-Tamacheq (Touareg) à s’autogouverner et à protéger son mode de vie et sa culture. Le cas du conflit de l’Azawad (nord-Mali) doit trouver sa solution par le dialogue politique qui ne devrait ni ignorer les causes fondamentales de la crise, ni aucune composante des populations de ce territoire.
Tunis, 30 mars 2013
– Congrès Mondial Amazigh
– Forum de la Solidarité Euro-Méditerranéenne
– Association Tunisienne de la culture amazighe, Tunisie
– Solidaridad Canaria, Archipel Canarien
– Association des Populations des Montagnes du Monde
– Organisation de la diaspora Touarègue en Europe
– Association Zwara pour l’identité et le patrimoine, Libye
– Association Trait d’Union, Vgayet, Algérie
– Forum médias Amazighs sud-est, Maroc
– Association Azrou pour la culture amazighe, Gabès, Tunisie
– Association amazighe de Djerba, Tunisie
– Association Azetta, Maroc
– Lucha internacionalista, Espagne
http://www.fsm2013.org/fr/node/13272