Dans le cadre de la préparation de la quatrième édition du forum social maghrébin – migration prévu au courant de 2016, le Comité de Suivi du Forum Social Maghrébin s’est réuni à Oran – Algérie, les vendredi et samedi 20 et 21 Novembre 2015.
Cette réunion fait suite aux recommandations et aux résolutions adoptées à Casablanca les 22 et 23 mai 2015, et qui ont été réaffirmées en marge des travaux du forum thématique sur les droits économiques, sociaux et environnementaux, tenu à Hammamet les 2 et 3 octobre 2015.
Cette rencontre a été l’occasion d’aborder l’ensemble des questions qui touchent les dynamiques du Forum Social Maghrébin bien que la question des migrations est restée au centre des débats. Celle-ci est la résultante du fait de la mondialisation sauvage dans tous les domaines de la vie et ne peut se limiter à une approche sécuritaire telle que réaffirmée par la déclaration de révision de la politique de voisinage, émanant de l’Union européenne du 18 Novembre 2015.
Nous exigeons de l’UE d’arrêter de conditionner les aides au développement ainsi que les prêts accordés aux pays du sud de la Méditerranée ; à ce que ceux-ci assurent le rôle du gendarme dans la région.
Le dossier de la migration représente l’une des questions parmi les plus complexes, tant dans la région du Maghreb/Machrek que dans l’Union Européenne. Il nécessite :
- De trouver une solution aux causes profondes de la migration et en particulier l’exclusion socio-économique, culturelle et environnementale.
- De respecter le droit universel à la mobilité et la libre circulation.
- Une protection permanente des couloirs de passages vers l’Europe, afin d’éviter les pertes en vie et de limiter les souffrances des migrants et des réfugiés.
- Améliorer les conditions de vie des migrants et des réfugiés dans des camps dans les perspectives de leurs démantèlements.
- Veiller à une mise en œuvre efficace des lois et des législations relatives à la lutte contre la traite des êtres humains, avec une attention particulière aux victimes des lois injustes.
- Mobiliser et renforcer la protection internationale afin de respecter les droits fondamentaux des migrants et des réfugiés dans leurs divers statuts.
- Veiller à la protection des droits de l’Homme dans toutes les procédures liées au retour, ainsi que dans les négociations relatives aux accords de coopération sur l’immigration, y compris la convention de réadmission.
- Aider les pays africains à mettre en place et à formuler des politiques pour mieux aborder les questions d’immigration et d’asile ; aussi pour améliorer la gouvernance aux niveaux national et régional.
- Valoriser et soutenir les contributions des migrants dans le domaine du développement.
- L’intégration du principe de partenariat dans le but d’harmoniser les priorités de financement avec les besoins réels de la région, et mettre en évidence le rôle de la société civile en tant qu’acteur au processus de mise en place et de développement des programmes relatifs aux financements d’urgence de l’Union européenne.
- Soutenir la mobilisation citoyenne pour modifier les visions stéréotypées sur les migrants et les réfugiés dans les pays d’accueil et renforcer la lutte contre le racisme.
Les participantes et les participants, à la réunion du Comité de Suivi, se sont également préoccupés de la dégradation enregistrée dans la région, après les espoirs de ce qui a été qualifié du «printemps démocratique », tant en matière des droits de l’homme et l’instauration de la démocratie et la primauté de l’Etat de droit, que sur l’absence d’une réelle volonté de construire le Maghreb des Peuples, sans frontières et sans barrières. Cette construction est indispensable pour résoudre de nombreux problèmes, notamment la question de la migration et de l’asile.
Le comité de suivi a aussi longuement discuté du fléau du terrorisme et de la succession d’attentats terroristes qui ont ensanglanté de nombreuses régions, plus récemment ; ceux vécu par le Liban, la France, le Mali, la Tunisie et la Turquie, et le terrorisme d’Etat et l’ingérence étrangère en Palestine, le Yémen, la Syrie et l’Irak, ainsi que l’attentat subit contre l’avion russe sur le territoire égyptien.
Ces attaques terroristes font l’objet d’une condamnation unanime et sans restriction des membres du Comité de Suivi. Ceux-ci ont exprimé leurs soutiens à toutes les approches humanitaires qui permettent d’affronter le spectre du terrorisme et de l’éradiquer sous toutes ses formes. Ils ont aussi exprimé le rejet des campagnes systématiques de dénigrement des réfugiés et des migrants en provenance des pays du Sud.
Les débats du Comité de Suivi ; ont porté également sur les questions de la diversité culturelle et linguistique qui symbolise la richesse de l’identité maghrébine.
Suite au débat ouvert au Maroc et en Tunisie pour une égalité homme/femme sur l’héritage (actuellement c’est deux parts pour l’homme pour une part pour la femme), le CS réaffirme son attachement à l’égalité des sexes en droits et en devoirs. Le CS a également exhorté les autorités algériennes de débloquer le débat sur le projet de loi sur la violence contre les femmes au niveau du Sénat.
Enfin, l’assistance a exprimé sa condamnation de la campagne de dénigrement et de takfir organisée contre des composantes humanistes, progressistes et modernistes de la société dans la région maghrébine, qui aspirent à la liberté, la justice, la démocratie, la justice sociale et le respect des droits de l’homme entant que valeurs universelles pour le maintien de la dignité de l’homme.
Comité de suivi du Forum social Maghrébin
Oran (Algérie), le 21 Novembre 2015