L’UNESCO a le plaisir de rendre cet entretien disponible et libre de droit en version texte et audio pour célébrer la Journée Mondiale de la Radio 2018. Les stations de radios sont tout particulièrement encouragées à diffuser cet entretien, que ce soit dans sa totalité ou bien en extrayant les réponses et en posant les questions directement.
L’UNESCO a eu le privilège de parler à Monsieur Ezzeddine Bouzid, président de l’Association tunisienne de jeux et sports traditionnels, de l’importance de ces jeux en tant qu’entité culturelle et la nécessité de les couvrir médiatiquement afin qu’ils puissent survivre.
Selon vous quels aspects présents dans les sports traditionnels attirent autant de monde ?
Je vous remercie pour l’intérêt que vous portez au patrimoine culturel ludique qui fait partie de la culture de l’humanité en tant qu’identité culturelle. Les jeux et sports traditionnels font partis de ce groupe de culture, ce genre de traditions ludiques.
Ce qui donne de l’importance aux gens de se présenter et de pratiquer les jeux et sports traditionnels, c’est qu’ils font partis de leur histoire et identité. Ils représentent leur culture et c’est pour cela qu’ils s’attachent à cette culture, ils s’attachent au sport et en plus c’est une activité qui leur fait plaisir et elle est en rapport avec toute la vie quotidienne, tous les évènements qui se passent dans la vie, à partir de l’enfance jusqu’à la vieillesse.
Du coup, quels sont les sports traditionnels les plus connus dans votre région ? Est-ce que vous pouvez nous dire quelles sont leur force en terme de participation et d’audience ?
Dans notre région, qui est la Tunisie, qui fait partie du grand Maghreb donc le nord de l’Afrique, les traditions et les sports traditionnels sont d’origine de différentes cultures parce que la Tunisie a été occupé par plusieurs nations. Donc on a la culture arabo islamique, la culture romaine qui vient de l’Italie, la culture d’Antiquité Grecque et surtout la culture des habitants du pays qui sont les berbères. Tout ça fait donc un mélange de culture.
Il y a une transmission des jeux et sports traditionnels à travers l’histoire. Ce qui reste sur le terrain actuellement c’est généralement des sports qui font partie de la culture arabo musulmane : nous avons la lutte traditionnelle qui s’appelle « Krech » qui est encore pratiqué pendant les fêtes de mariage et nous avons aussi des courses de chevaux qu’on appelle la « fantasia », les jeux équestres qui se divisent sous plusieurs formes : l’acrobatie sur cheval, la danse des chevaux etc.
Ce sont les jeux les plus importants qui sont toujours représentés pendant les festivités une fois par an ou pendant les mariages.
Est-ce que ces sports existent au niveau professionnel ? Est-ce qu’il y a des compétitions internationales ou des ligues ?
Généralement non. En Afrique, oui ça existe. En Afrique centrale, il y a la lutte africaine. Cette lutte africaine est bien développée et constituée ; il y a des championnats. En Tunisie, la lutte est de divertissement, de représentation culturelle et ethnique. Il y a aussi les courses de chevaux peut-être. Ce sont des courses à caractère professionnel.
Il y a aussi les courses de chameaux et un autre style de jeux avec l’arme sur chevaux. Ici, il y a des prix et on peut désigner les champions à chaque manifestation.
Est-ce que les jeunes sont conscients de l’existence de ces sports ? Pourquoi pensez-vous qu’il est important pour eux d’en apprendre davantage sur ces sports ?
Les jeunes maintenant sont influencés par la technologie moderne. Ils sont orientés vers les sports de compétition, les sports soient disant olympiques mais les sports traditionnels, ils sont un peu délaissés. Mais heureusement, nous avons notre association qui combat et organise beaucoup d’activités pour sauvegarder et promouvoir ces jeux là à travers la formation des animateurs, la formation des cadres, la formation des instituteurs, la formation des animateurs logistiques.
On fait beaucoup de choses sur le plan national et aussi international. De plus, on a essayé de rapprocher ces jeux dans les maisons des jeunes surtout des régions rurales. Dans ces régions, ils manquent d’activités de loisirs, ils n’ont pas les moyens des sports modernes, donc on peut inclure ça facilement dans les clubs des maisons des jeunes rurales et itinéraires.
En plus, dans les écoles primaires, nous avons des expériences pour l’instauration des jeux traditionnels dans les programmes pédagogiques de l’éducation de l’enfant.
Pourquoi pensez-vous qu’il est important que les médias couvrent davantage les sports traditionnels ?
Parce que si les sports traditionnels sont en voie de destruction, on va les perdre de notre mémoire. Donc, le rôle des médias et surtout un rôle capital et important. Ils jouent un rôle de sauveur. On doit sauver ces activités, on doit les enregistrer, on doit les diffuser.
Les médias ont une capacité de sensibilisation et de visibilité pour ces sports traditionnels. Il ne suffit pas d’organiser avec moi seulement une interview. Il est primordial d’aller sur le terrain et de faire des enquêtes, d’écouter les gens, voir les jeux, présenter les règles des jeux, comment les gens les pratiquent, quel matériel est utilisé, quel geste utilisé, quelle parole, quelle musique etc… C’est ça la richesse ! La richesse des traditions des jeux et sports traditionnels est là ; surtout quand on les valorise à travers les médias.
Est-ce que vous avez en tête des exemples de sports traditionnels qui ont aidé les communautés à s’unir et à mieux vivre ensemble dans votre région?
Dans le passé, il y a ce que l’on appelle le jeu collectif avec balles. On joue avec les bâtons venus de palmier. Ces jeux étaient un support de cohésion entre les ethnies qui se trouvent dans une zone géographique. Ils jouent ensemble, une ethnie contre l’autre pour à la fin manger ensemble. Le gagnant prépare à manger pour tout le monde. C’est très intéressant.
En plus, il y a chez nous en Tunisie, pendant les mariages traditionnels, le mariage traditionnel surtout se base sur le jeu. Ces jeux étaient utilisés pour favoriser aux deux familles de se connaitre premièrement, et en plus de préparer un petit budget économique pour le mari et la mariée afin de se préparer aux premières étapes de vie commune qui est difficile, point de vue alimentation, adaptation socio-culturelle.
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