C’était la nuit, il pleuvait, avec une brise d’hiver…
Une petite rencontre avec des amis à Beyrouth pour discuter des activités sociales au Liban.
Un mois avant, pour nous , les droits des femmes au Liban étaient une évidence, nous travaillons, nous conduisons, nous votons, nous sortons tard dans la nuit seules…Nous n’avons pas besoin de lutter, ni de discuter pour améliorer la situation des femmes au Liban !
Donc, nous avons mis de côté les droits des femmes et nous avons commencé par le sujet des réfugiés Syriens au Liban, la guerre et la dignité humaine puis le sujet des communautés, le mariage civil et l’obligation de noter la confession religieuse sur la carte d’identité !
Hélas ! nous pensions que les droits des femmes au Liban étaient respectés. Nous avons omis de parler de nos droits. La rencontre s’ est terminée et j’ai préparé mes valises pour voyager en France et commencer ma formation sur le thème » Femmes, Médias et Démocratie dans le région Maghreb/Machreck ».
Le 8 janvier 2013, nous avons commencé la formation, j’ai apporté avec moi mes idées positives sur les droits des femmes au Liban et j’ai transmis d’une façon très claire que nous n’avons pas un grand problème , et je suis restée sur la notion de la guerre et de la paix internationale au moyen orient, c’était ma representation, une representation positive pour les droits des femmes au Liban!
Mais dès que je suis arrivée à Marseille mes idées se sont entrechoquées. En regardant les manifestations des femmes, en écoutant leurs discussions … La voix des femmes françaises ne cesse de s’élever pour combattre et lutter afin de faire respecter leurs droits sur le plan juridique et sur le plan de la vie quotidienne !
Après plusieurs jours à Marseille, je commence à analyser notre rencontre à Beyrouth! je constate que la situation des femmes Libanaises peut être menacée par un sentiment de pseudo liberté. Soudain cette prise de conscience me rend triste…. Je suis submergée de questions : Est ce que le fait de travailler , de voter, de se vetir selon son choix et de voyager suffit pour se sentir libre!
Ah! comment puis-je dire que la situation des libanaises est équitable après le constat du militantisme des francaises pour défendre et faire avancer la cause des femmes!
Ah! comment avons nous pu faire une rencontre sans évoquer les droits des femmes Libanaises pour donner leur nationalité à leurs enfants , leurs droits contre les violences familiales, la necessité de l’égalité du salaire entre les femmes et les hommes et le choix de l’enfantement !
Suite à cette distance, j’ai pris aussi conscience du poids des traditions .
Cette pression qui délimite la liberté et la parole des femmes , elles restent soumises aux traditions. par exemple : la notion de virginité avant le mariage et la nécessité de se marier à un âge precis.
De plus, la société Libanaise reste une société masculine où les hommes n’acceptent pas totalement l’emancipation des femmes.
Il est très difficile pour une majorité d’hommes d’accepter que les femmes prennent une position élevée dans la vie professionnelle, ou qu’elles soient présentes dans la société. On entend les hommes murmurer: » ne vous mariez pas avec des femmes intelligentes et créatives car ça cause beaucoup de fatigue »
De mon séjour en France, je déduis que les femmes au Liban vivent dans l’illusion de « l’apparence « . Oui elle a une situation superbe en comparaison des femmes qui n’ont pas le droit de conduire qui ne peuvent marcher ou fumer dans un restaurant sans être affectées par des milliers de regards ou d’ insultes !
Mais il ne faut pas oublier que les femmes libanaises restent prisonnières de la société de l’apparence , cette société qui a donné aux femmes l’impression qu’elles doivent être belles et sexy … au point qu elles oublient que le chemin des droits des femmes est encore long et difficile …
Le sentiment de se sentir une femme libre ne serait il pas un enfermement? n’aurions nous pas besoin d’ un nouveau regard pour continuer à defendre nos droits ?
Femmes Libanaise , tout reste à faire !!
Par Nadine Arafat