Les mouvements sociaux algériens, quelque peu effacés jusque-là par rapport à leurs voisins marocains et tunisiens, tentent de se mobiliser et de serrer les rangs en perspective du Forum social mondial prévu le 26 mars prochain à Tunis.
Le Forum social algérien (FSA) dont l’esquisse remonte à près d’une décennie est plus que jamais en quête de visibilité. Conçu comme un espace de rencontre, de débat et d’échanges entre les acteurs de la société civile pour proposer des alternatives au néolibéralisme et consacrer la démocratie et les droits de l’Homme, le Forum social algérien a pu regrouper, hier, à Alger quelque 80 personnes représentant le mouvement associatif algérien en perspective de la mobilisation pour le Forum social mondial prévu du 26 au 30 mars prochain à Tunis.
Constat unanime : il y a en Algérie plusieurs mouvements sociaux actifs, mais en raison de leur dispersion, ils sont loin de changer les rapports de force sur le plan politico-socio-économique. “Il faut passer aux actes, il faut se libérer des endoctrinements”, a plaidé Si Mohamed Baghdadi. “Nous sommes absents de l’espace régional et mondial. Le Forum de Tunis est une opportunité pour une meilleure visibilité. Il y a beaucoup d’associations, d’ONG et de mouvements, mais on n’est pas encore en mesure de changer le rapport de force en l’absence de constitution de réseaux”, a déploré un représentant de Béjaïa de la Laddh. “Sur le plan régional, grâce à l’expérience algérienne, on peut apporter notre vision sur les bouleversements régionaux”, a-t-il dit. “On doit construire les connexions entre les mouvements sociaux et les mouvements de jeunes. Le FSA doit renaître, doit peser, dans son espace régional”, a plaidé un membre d’une association. “Il y a des dynamiques, mais elles n’arrivent pas à créer un espace de débat, à se fédérer. Donc, le Forum mondial est une occasion pour le FSA de tisser des réseaux”, constate de son côté le responsable de RAJ, Abdelwahab Fersaoui. Il se montre même optimiste pour l’avenir du FSA. “Il y a une volonté de mettre de côté les divergences et d’aller de l’avant”, dit-il.
Quant à Mme Chérifa Khedar de Djazairouna, elle a rappelé la nécessité pour tous les participants d’adhérer à la charte du Forum social mondial. Pendant deux jours, les participants vont débattre, dans le cadre d’ateliers, de l’état des lieux et des perspectives des droits sociaux en Algérie, de la mobilisation algérienne pour le FSM et la dynamique algérienne dans le cadre de la dynamique du FSM. Une déclaration finale est prévue pour aujourd’hui. Le FSM dont le premier regroupement a eu lieu en 2001 à Porto Alegre au Brésil est un espace de rencontre ouvert visant à approfondir la réflexion, le débat d’idées démocratiques, la formation de propositions, l’échange en toute liberté d’expériences et l’articulation en vue d’actions efficaces, d’instances et de mouvements de la société civile qui s’opposent au néolibéralisme et à la domination du monde par le capital et toute forme d’impérialisme, et qui s’emploient à bâtir une société planétaire axée sur l’être humain, selon la charte de ce forum. Près de 50 000 personnes représentant des mouvements du monde entier sont attendues à Tunis.
Le choix de Tunis est lié à sa révolution et à l’action de la société civile tunisienne dans sa victoire sur une caste incarnée par Ben Ali, laquelle a accaparé les richesses du pays au détriment du peuple.
K K
Liberté le 16/02/2013