Rappel des principales étapes qui retracent le parcours du tamazight dans les médias publics :
- 1938: Lancement de la diffusion radiophonique en Tamazight, durant 10 mn, quotidiennement
- 20 août 1994 : Intérêt royal porté au Tamazight sera couronné par un bulletin d’information en dialectes
- 30 juillet 2001 : Intérêt particulier à Tamazight dans le deuxième discours royale
- 17 octobre 2001 : Dahir royal qui stipule la création un Institut Royal de la Culture Amazighe, dans l’objectif de promouvoir le tamazight dans les domaines de l’enseignement, des médias et de la vie publique.
- 16 juillet 2004 : Signature d’un contrat de partenariat entre l’Institut Royal de la Culture Amazighe et le Ministère de la Communication.
- Janvier 2005: Promulgation de la loi 77/03 qui comporte des allusions au Tamazight dans les medias audiovisuels
- 20 août 2005 : Signature du cahier de charges de la société SOREAD qui comporte des engagements en faveur du tamazight
- Janvier 2005 :Signature du cahier de charges de la SNRT qui comporte des engagements en faveur du tamazight
- 21 juillet 2006 : Projet de création d’une chaîne amazigh
- 24 octobre 2006 : L’IRCAM, sollicite le Haut Patronage de SM le Roi de ladite chaîne
- 28 septembre 2007: Réception de la part du Premier Ministre du projet de ladite chaîne par la HACA.
- 17 décembre 2007 : Signature de l’annexe rectificatif relatif aux mesures définitives pour le lancement de la chaîne amazighe et allocation d’un budget, réservé à la chaîne, d’une valeur de 5 millions de dirhams pour une durée de 4 ans.
- 06 janvier 2010 : Lancement de la diffusion expérimentale de la chaîne amazighe.
- 01 mars 2010 : Lancement de la diffusion officielle de la chaîne.
- 22 octobre 2012 : Parution de nouveaux cahiers de charges avec de nouveaux engagements en faveur de la chaîne amazighe.
Contexte général de la journée d’étude
Dans le cadre de la dynamique de l’observation et du suivi du statut de la langue et de la culture amazighes dans différents secteurs et conformément aux tâches qui lui sont assignées dont la protection et la promotion du tamazight dans les médias, la Fédération Nationale des Associations Amazighes organise une journée d’étude, sous Tamazight dans médias publics », afin de diagnostiquer le statut du Tamazight dans la presse publique, dans la perspective de développer une plate-forme scientifique à une plaidoirie destinée aux responsables du secteur de la presse publique, surtout que les indices d’analyse tant qualitative que quantitative révèlent une certaine rétrogression surtout après la parution des cahiers de charges d’octobre 2012, qui sont encore en vigueur.l’emblème « une dynamique pour la protection et la promotion du
Cette journée d’étude s’inscrit dans le cadre des droits de l’Homme qui présuppose d’opter pour des politiques en conformité avec les indices de développement des médias adoptés par l’UNESCO depuis mars 2008, en tant que références nodales d’une presse démocratique. Elle s’inscrit aussi dans un contexte constitutionnel où le tamazight est officialisé et la diversité culturelle reconnue, ce qui qui exige, nécessairement, l’interaction de la scène audiovisuelle avec ces nouvelles donnes, en partant du fait que la démocratisation de la scène audiovisuelle suppose qu’il faut faire en sorte qu’elle reflète les expressions de la diversité telle qu’elle préfigure dans la réalité du Maroc ; dans le cas contraire, ne reflétant pas son identité marocaine, il demeurera loin, sinon étranger pour les auditeurs et téléspectateurs.
Par ailleurs, cette rencontre s’inscrit dans le cadre des acquis cumulés par le mouvement Amazigh à travers ses plaidoiries fondées sur le fait que le Tamazight est une composante essentielle et incontestable de la personnalité marocaine, qu’il est omniprésent dans le vécu au quotidien du Marocain comme il a une dimension tant maghrébine et méditerranéenne qu’africaine. C’est pour cela que nous considérons que les médias marocains doivent être à la hauteur de cette présence, en profondeur et hors frontières, du tamazight et dans les deux contextes précités.
C’est pour cela qu’intégrer le tamazight dans le secteur audiovisuel n’est que confirmer un fait établi dans la réalité, faire en sorte que le médiatique tienne compte des donnes historiques, du cumul culturel et de la singularité du Maroc en tant que société qui considère que la diversité culturelle est un outil de renforcement de la démocratie. C’est ainsi que les médias rendraient l’image exacte d’un Maroc pluriel.
La langue amazighe est habilitée à assurer la fonction d’informer, d’éduquer et de cultiver en faveur de larges couches sociales à l’intérieur du pays comme à l’étranger, surtout qu’elle est la seule langue de la majorité des citoyens. C’est pour cette raison qu’il advient nécessaire de dépasser les images archétypiques qu’on donne du tamazight en tant que mosaïque de dialectes différents et de l’amazigh en tant que personnage en blouson bleu derrière le comptoir d’une petite boutique ainsi que les cartes postales folkloriques, adressés aux touristes.
La valorisation de la langue et de la culture amazighes, au niveau des mass medias, présuppose de soulever nombre d’interrogations incontournables auxquelles on n’a pas encore eu l’audace de nous affronter, malgré que dix ans se sont écoulés après l’intégration du Tamazight en tant qu’engagements, explicitement formulés dans les cahiers de charges, au respect desquels veille la HACA.
- Sur quelles normes se base-t-on pour déterminer l’espace accordé au Tamazight dans les medias marocains? Tient-on en compte la marginalisation à laquelle le tamazight a été exposé, depuis un demi-siècle ? A-t-on tenu en considération les revendications du mouvement amazigh et les recommandations du dialogue national sur les médias et la société qui a accordé un intérêt particulier à la langue et à la culture amazighes dans le domaine médiatique ?
- Du point de vue quantitatif, quelle est l’ampleur des engagements relatifs au tamazight, de 2005 à nos jours ? Quelle est leur nature ? Quels sont leurs contenus ? Sont-ils conformes au principe : le tamazight est un patrimoine partagé de tous les Marocains, reconnu par la constitution ? Quel est le taux de production en tamazight, comparé aux autres langues ? Quelle l’ampleur des chaînes amazighes comparées aux autres ? Quel est la nature des cahiers de charges en faveur du tamazight, du point de vue contenus, budgets accordés et commissions chargées de la sélection de projets ?
- Dispose-t-on de compétences humaines à même de présenter une production audiovisuelle professionnelles, en l’absence d’instituts et de centres de recherche qui s’intéressent au tamazight dans les médias ? L’actuel gouvernement, a-t-il réellement la volonté d’encourager l’usage médiatique du tamazight, sachant que ce gouvernement s’est maintes fois montré hostile au tamazight ?
- Possède-t-on une stratégie nationale pour la promotion des médias amazighs ? Quelle est l’issue réservée au contrat de partenariat entre l’IRCAM et le Ministère de la Communication, omis depuis la date de sa signature, le 16 juillet 2004 ? Quels sont les choix linguistiques efficients à même d’habiliter les médias amazighs à assurer les fonctions du service public concernant : l’information, la culture, l’éducation et le divertissement ? Est-ce le choix d’une langue amazighe standardisée ou est-ce celui des trois variantes connues ? Quelle est la place du tamazight dans les onze chaînes régionales ? Quel est le statut de la chaîne amazighe : Est-ce une chaîne publique dotée d’une autonomie financière et administrative ou une chaîne qui dépend de la première, au niveau financier et administratif ? Quelles sont les conditions de travail du journaliste en amazigh, comparés à ses collègues, en d’autres langues ?
C’est en partant de ces interrogations, qui constituent autant de préoccupations, que nous organisons cette journée d’étude dont la visée est de trouver des réponses claires se rapportant à la place du tamazight dans les médias publics sur la base d’une approche évaluative qui tienne en considération l’apport de tous les acteurs dans le secteur médiatique dans la mise en œuvre d’une méthode à même d’aboutir à une plaidoirie rationnelle et réaliste, garantissant l’efficacité des médias amazighs qui n’a pas jusqu’à présent fait l’objet d’une évaluation visant son développement.
Nous remercions vivement MM. les intervenants, nos partenaires ainsi que tous les participants