25 ans après l’adoption de la Convention des Nations Unies pour la protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leur famille, EuroMed Droits exprime son inquiétude au sujet des conséquences graves de la fermeture des frontières et de leurs répercussions sur les droits fondamentaux des personnes migrantes et réfugiées. Le rapport publié en ce jour par EuroMed Droits, portant sur la militarisation de la frontière entre l’Algérie et le Maroc, apporte à cet égard de nombreux exemples.
La région euro-méditerranéenne est actuellement le théâtre d’une coopération interétatique particulièrement active. Comme l’a exprimé Donal Tusk, président du Conseil européen, lors de sa récente visite en Turquie, cette coopération vise, pour l’essentiel, à « interrompre les flux migratoires » vers l’Union Européenne (UE). On ne saurait mieux illustrer combien les droits humains sont à la marge des politiques migratoires, considérés comme un obstacle à éliminer.
Le schéma d’une violence d’Etat se répète, au Nord comme au Sud de la Méditerranée : tir à balles réelles dans le Sinaï, enfermement illimité des demandeurs d’asile en Israël, rafles et expulsions au Maroc, en Algérie et en France, utilisation de gaz lacrymogènes à la frontière bulgare et gréco-macédonienne, déploiement de l’armée en Hongrie et en Slovénie, élévation d’un mur entre la Grèce et la Turquie, barbelés à Ceuta et Melilla mais également à d’autres points de frontières européens et dans l’espace Schengen lui-même.
Là où le passage reste possible, il est partiel, organisé selon une sélection par nationalité. Les techniques et méthodes employées ne se différencient guère du refoulement, au risque du renvoi vers des pays où la vie des personnes migrantes et réfugiées serait en danger. En tout état de cause, elles les poussent à rechercher de nouvelles voies d’accès, toujours plus dangereuses et meurtrières.
En bloquant les voies de passage, en provoquant la vulnérabilité des personnes migrantes et réfugiées, les Etats violent le droit international : droit de quitter tout pays, droit à la vie, droit à l’unité familiale, droit à la sécurité, protection contre les traitements inhumains et dégradants, droit d’accès aux soins de santé ou encore droit de demander l’asile.
Notre organisation et ses 60 membres dénoncent avec force le marchandage auquel se livre l’UE avec ses « partenaires méditerranéens ». Car, faut-il le rappeler, en ce 25ème anniversaire de l’adoption de la Convention pour la protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leur famille, l’universalité des droits ne saurait souffrir d’aucune exception ou d’aménagement géographique.
Il est grand temps que les pays de la région euro-méditerranéenne répondent avec sérieux au défi d’accueil et de protection qui leur incombe et se conforment à leurs obligations internationales, y compris la Convention de 1990. L’approche sécuritaire est contraire au respect des droits et la mobilité n’est pas une menace. Ouvrons les frontières aux personnes migrantes et réfugiées.