Suite à l’annonce faite en fin de semaine dernière par le Gouvernement qui annonce vouloir se pencher sur les droits des « enfants sans identité », l’association INSAF prend acte de cette intention et saisit l’occasion pour appeler l’ensemble des parties prenantes à prendre 6 mesures d’urgence en toute responsabilité.
Entre 2003 et 2009, elles étaient, au niveau national, plus de 210.000 mères célibataires répertoriées au Maroc, selon une étude commanditée par INSAF en 2010. Sur toute cette période, 24 enfants étaient abandonnés par jour.
Actualisée en 2015 pour la seule Région de Casablanca, l’étude toujours commanditée par INSAF, estime, pour la période 2004-2014, l’existence de 44.211 enfants nés hors mariage soit 3.366 par an. Pour la même période, l’étude révèle que 9.400 enfants ont été abandonnés dans la même Région, soit en moyenne 850 abandons par an.
Face à cette réalité que personne ne peut plus ignorer, face à la souffrance des enfants, à leurs multiples traumatismes qui amènent une très grande partie à errer dans la rue, exposés à tous types de risques et de violences, toutes les parties prenantes sont appelées à réagir pour prendre leurs responsabilités.
Il est plus que jamais urgent de mettre fin à toutes les formes d’exclusion dont cette population vulnérable souffre dans la durée, et de mettre en place les conditions qui assurent la dignité, la légalité et l’égalité pour les mères célibataires et leurs enfants. Il est temps que toutes les discriminations institutionnelles qui les déstabilisent et attaquent leurs enfants, soient levées et que la sensibilisation et l’éducation sexuelle soient institutionnalisées. Vous trouverez ci-après le lien vers le film qui a été réalisé à cette fin et les 6 mesures urgentes rendues nécessaires pour sauver ces enfants :
https://youtu.be/dPkoYs4lrOQ
- Le test ADN doit être systématique et gratuit pour établir la filiation. Il s’agit de prendre en compte l’intérêt supérieur de l’enfant, son droit à l’identité et tout ce qui en découle dont la reconnaissance paternelle et l’éducation.
- La mère célibataire doit être reconnue dans son statut de « Chef de famille monoparentale » et avoir le droit de posséder un livret de famille.
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L’article 490 du code pénal qui sanctionne les relations sexuelles en dehors des liens du mariage, doit être supprimé car il appréhende la femme comme prostituée, et l’article 489 la réprime. Cette loi peut pousser une femme à se mettre, ainsi que son enfant en danger, à l’abandonner à la naissance…
- L’éducation sexuelle doit être intégrée dans les programmes éducatifs publics. Les garçons, comme les filles, doivent être sensibilisés et comprendre que tous les deux portent une responsabilité en toute équité.
- Le droit à l’avortement doit être instauré pour éviter des situations de grande souffrance et de traumatisme durable.
- Les documents d’identité des enfants de mères célibataires ne doivent plus être un facteur de stigmatisation. Le prénom du grand père doit être renseigné.