Durant ces deux dernières semaines, des actions et des manifestations massives ont pris une ampleur inédite dans le monde entier au point de détourner l’attention des négociations sur le climat à Paris, démontrant clairement ainsi la force d’un mouvement prêt à s’engager pour 2016 et après.
Les populations des communautés, victimes des conséquences les plus dramatiques du changement climatique à cause des énergies polluantes, ont pu faire entendre leur voix. Les mouvements des peuples, qui s’efforcent de mettre en œuvre – souvent dans des conditions très dures – les solutions en faveur des énergies renouvelables contrôlées collectivement, se sont rassemblés pour partager leurs idées et transmettre leur inspiration. Les peuples autochtones, les jeunes générations et des centaines de milliers de militants ont investi les rues des métropoles et des villes de toute la planète pour envoyer un message clair : nous demandons la justice climatique et nous l’obtiendrons.
À Paris où les restrictions imposées aux manifestations publiques par l’état d’urgence sont restées en vigueur, les militants ont su trouver des moyens créatifs pour déroger aux règles, multiplier les actions en bravant les conséquences, ou bien tenter de repousser les limites d’un État policier. Durant la deuxième semaine des négociations sur le climat, les manifestations se sont intensifiées pour cibler les vrais délinquants du climat : les entreprises polluantes. Ces entreprises, qui payent pour exercer leur influence sur les négociations climatiques, ont été dénoncées et exposées aux critiques. Les fausses solutions – ces prétextes et ces faux-fuyants dangereux utilisés pour poursuivre la croissance du PIB alors que la planète brûle – ont été discréditées et leurs partisans pointés du doigt.
Les systèmes injustes de distribution et de production alimentaires ont conduit à l’intensification de la crise et à l’aggravation des impacts climatiques. La souveraineté alimentaire, et plus particulièrement l’agroécologie menée par les paysans, a été défendue comme étant la seule solution appropriée et sans répercussions sur le climat à nos systèmes alimentaires défaillants. Et, ce sont une nouvelle fois les peuples, grâce à des méthodes qu’ils ont éprouvées et testées, qui vont résoudre ces problèmes.
Durant ces négociations sur le climat, l’influence sournoise du lobby des entreprises a été comme chaque année, égale à elle-même. Les pollueurs et d’autres entreprises responsables des dégradations considérables de l’environnement et de graves violations des droits humains ont tenté – sans succès – de se faire passer pour des acteurs-clés de la solution à la crise climatique. À Paris et ailleurs, les militants ont organisé de nombreuses manifestations pour dénoncer l’écoblanchiment et l’influence néfaste des entreprises sur les négociations. Les entreprises n’ont pas leur place à la table des négociations sur le climat, du moins pas en ce qui concerne les pollueurs et toutes les firmes qui enfreignent les droits humains.
Malheureusement, depuis des années lors des négociations sur le climat, la volonté pour lutter contre le déboisement fait toujours autant preuve d’un cynisme absolu, comme si l’existence des forêts se résumait à être une éponge pour absorber les émissions excessives émises par le Nord. Les forêts sont des écosystèmes complexes et dynamiques, qui ne peuvent pas être utilisés à d’autres fins ou créés de toutes pièces. Le déboisement doit être combattu efficacement et sans attendre. Il est regrettable que de trop nombreuses idées, qui circulent dans les couloirs des Nations Unies, impliquent le droit à polluer pour continuer le déboisement sur le principe que les permis octroyés peuvent être « compensés » par la plantation d’arbres dans une autre partie du monde. Et tout cela, au mépris des millions de personnes qui vivent dans les forêts, comprennent comment les écosystèmes fonctionnent, savent comment les gérer durablement et sont, de fait, les mieux placés pour protéger le caractère sacré de leurs maisons et de leur mémoire ancestrale. Pendant les négociations, des peuples du monde entier se sont réunis pour renforcer leur compréhension de la gestion communautaire des forêts, et ont manifesté pour dire non aux fausses solutions au déboisement et à la crise climatique.
Une autre session des négociations sur le climat s’est conclue par un échec de ces soi-disant dirigeants mondiaux. L’absence de justice et le manque d’ambition de ces négociations sont inexcusables. L’Accord de Paris a abandonné les peuples et la planète. Pourtant, le mouvement pour une justice climatique, pour les solutions des peuples, pour l’égalité et la solidarité, pour la planète, pour l’espoir et pour la paix, est bien là. Laissons libre cours à cette ambition invincible.
Ce mouvement est né des demandes des peuples, qui sont déjà confrontés au changement climatique, et des communautés, dont les vies et le bien-être sont menacés. Par sa portée et les perspectives auxquelles il s’ouvre, ce mouvement a une ampleur mondiale. Il ne tolérera ni l’injustice, ni la lâcheté politique, ni la corruption.
Les négociations sur le climat à Paris ont prouvé une nouvelle fois que rien nous arrêtera.
Alors, en avant !