PARCE QUE JE SUIS UNE FEMME
Une femme sur trois sera victime de coups, d’abus, de viol ou d’autres formes de violences au cours de sa vie. Une femme sur trois ! Soit un milliard de femmes à travers le monde, selon les chiffres de l’ONU. Ce triste constat fait des violences à l’égard des femmes, la violation la plus fréquente des droits humains.
Alors que la CSW (Commission sur le statut des femmes) de l’ONU se réunit du 4 au 15 mars à New-York pour débattre des mesures pour lutter contre la violence à l’égard des femmes et des filles, il est primordial de rappeler que ces violences ont lieu partout dans le monde indépendamment de l’origine, la culture, la classe sociale, l’âge et la religion.
Les violences à l’égard des femmes interviennent à toute les étapes de leur vie, parfois avant même la naissance avec la pratique de l’avortement des fœtus de sexe féminin dans certaines régions du monde. Les petites et jeunes filles sont également particulièrement vulnérables avec 60 millions de filles mariées de force avant leurs 18 ans et 140 millions de filles victimes d’excision. Une fois devenues adultes, les femmes sont confrontées à la violence au sein de leur famille, dans leur quartier, sur leur lieu de travail.
Le suicide l’an dernier de Amina Filali, cette jeune marocaine âgée de 16 ans, forcée d’épouser l’homme qui l’avait violée pour éviter à ce dernier d’aller en prison, l’attentat contre Malala Yousafzi, cette adolescente pakistanaise qui défend le droit à l’éducation des filles, le viol et la mort tragiques de la jeune étudiante indienne en décembre 2012 sont autant de signes supplémentaires qu’il est urgent d’impulser des changements structurels et sociaux pour enrayer ces violences et discriminations quotidiennes à l’égard des femmes.
Les inégalités persistantes entre les femmes et les hommes sont, en effet, en grande partie à l’origine de ces violences. Parce que nous sommes des femmes, les normes sociales nous attribuent des places subalternes dans la majorité des régions du monde. Dans le même temps, les garçons et les hommes sont conduits à exercer des rôles dominants.
Dans de nombreuses parties du monde, la norme considère que l’homme est la première source de revenus de la famille. Cela amène à privilégier l’éducation des garçons à celle des filles. Parce qu’elles sont des femmes, elles voient leurs possibilités de générer des revenus limitées par leur manque d’éducation. Elles dépendent donc économiquement des hommes, ce qui entretient l’idée que les filles ne sont pas capables de gagner de l’argent. Alors pourquoi investir dans leur éducation ? Et ainsi, le cercle vicieux se perpétue. Alors qu’on sait qu’une année d’école supplémentaire pour une fille, c’est 10 à 20% de revenus supplémentaires pour la famille .
En ces temps de crise généralisée, il nous semble évident que le respect des droits des femmes est un facteur essentiel dans la lutte contre la pauvreté. Les sociétés ne peuvent prospérer durablement quand la moitié de leur population voit ses droits bafoués. Sur tous les continents, les femmes sont les plus exposées à la pauvreté. Parmi le 1,3 milliard de personnes qui vivent avec moins de 1,25$ par jour (seuil de pauvreté), 70% sont des femmes et des filles.
Parce que nous sommes des femmes, nous ne pouvons changer cette situation seules. Il est nécessaire que l’ensemble de la société – les hommes, les institutions et les Etats – s’implique en faveur du respect des droits des femmes et de l’égalité. Pour cela, nous demandons que la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles, et son préalable qu’est l’égalité entre les hommes et les femmes, deviennent des priorités dans l’agenda international qui fera suite aux objectifs du millénaire du développement, en 2015. Cela implique de fixer des objectifs précis et de définir des indicateurs spécifiques. Il faut également briser les tabous qui entourent ces violences en France, en Europe et partout ailleurs. Nous demandons un engagement de tous et de toutes en faveur de l’évolution des normes sociales vers plus d’égalité. C’est l’avenir du monde qui en dépend, pas juste celui des femmes.
CARE International Maroc (CIM) est une ONG d’aide au développement, de droit marocain, non confessionnelle et apolitique, faisant partie du réseau CARE International. CIM intervient au Maroc depuis septembre 2007, dans les secteurs de l’eau et de l’assainissement, de l’éducation, et du renforcement de la société civile. CARE Maroc cible particulièrement les femmes et les jeunes.
« Nous recherchons un monde d’espoir, de tolérance et de justice sociale, où la pauvreté aura été vaincue et où les peuples vivront dans la dignité et la sécurité ».
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Signataires :
Houria Alami
Ibtissam Alaoui
Mouna Atim
Nisrine Bouhamidi, CARE Maroc
Leila Chérif, L’Heure Joyeuse
Najat El Mdari, CARE Maroc
Fanny Henryot
Fiona James, CARE Maroc
Afaf Lakbiri, CARE Maroc
Sanaa Moussalim, REMADEL
Mariama Niang
Sophie Perez, CARE Maroc
Intissar Rachdi, MDI
Meriem Rhoflane, CARE Maroc
Najat Rouane, CARE Maroc