TDR Etude préalable à la sélection d’organisations au Maghreb, bénéficiaires du projet « Jeunesse et Médias »
Projet « Jeunesse et Médias » : étude préalable à la sélection d’organisations maghrébines impliquées dans des initiatives et projets en faveur des jeunes Termes de référence Compte tenu de l’évolution des contextes médiatiques, l’Algérie, le Maroc et la Tunisie sont des pays où CFI poursuivra ses interventions de manière prioritaire dans les trois prochaines années, fort des enjeux qui se profilent en termes de meilleure représentation de la jeunesse du Maghreb dans les médias à travers la valorisation des actions des organisations impliquées dans des initiatives – au profit des 15-24 ans. En conséquence, CFI souhaite réaliser un état des lieux actualisé et recueillir des préconisations permettant de sélectionner 5 à 6 organisations par pays qui participeront au projet CFI « Jeunesse et Médias ». L’enjeu du projet « Jeunesse et Médias » est de soutenir une quinzaine de projets de développement favorisant une meilleure représentation des 15-24 ans dans les médias. Ces projets devront être portés par des organisations impliquées dans des initiatives et projets en faveur des jeunes. Cette étude constituera un outil d’aide à la décision pour CFI. Elle sera donc réservée à son usage interne. Les préconisations définies devront, autant que possible, s’appuyer sur les expériences déjà menées par d’autres opérateurs tant en termes de cibles, de méthodes que de résultats.
- Présentation générale
- Le contexte au Maghreb : Algérie, Maroc et Tunisie Même si la situation est différente dans chacun des 3 pays, ils ont en commun d’avoir une population jeune qui souhaite contribuer activement à la vie économique, sociale et politique de leur pays. – La jeunesse maghrébine souffre aujourd’hui d’une absence de perspectives et son quotidienne reste fragile et précaire, L’extrême pauvreté a reculé dans le Maghreb mais de larges pans de la population risquent de retomber dans la précarité et les inégalités persistent selon l’âge, le sexe et les territoires ; – Les perspectives socioéconomiques des 15-24 ans, leur existence sur la scène politique, l’efficacité des systèmes éducatifs, la participation citoyenne de la jeunesse et ses moyens d’expression, l’émancipation des jeunes femmes, l’existence et l’accès à une information adaptée à ses besoins et attentes (santé, sexualité, famille, vie professionnelle, éducation, formation, loisirs…) qui favorisent l’épanouissement et la créativité, font toujours défaut ; – La vulnérabilité des jeunes s’accroit sous une forme multidimensionnelle ; Elle se manifeste par la montée des comportements à risque comme le tabagisme, la consommation de drogues et d’alcool, une sexualité non protégée, mais également avec la migration clandestine comme voie de sortie et la montée de la radicalisation en particulier en Tunisie (1) ; – Selon un rapport de l’ONU (2), daté de novembre 2016, les économies des pays arabes risquent de ne pas être en mesure de trouver les 60 millions d’emplois nécessaires pour absorber la nouvelle génération des jeunes arabes avant 2020 ; ce rapport note qu’une minorité de jeunes, ne trouvant pas de travail ni de place au sein de la société, pourrait s’orienter vers des moyens « plus directs et plus violents » pour se faire entendre et serait ouverte à participer à des groupes violents qui prétendent lutter pour le changement. – Même si les gouvernements ont pris la mesure de l’enjeu et de la menace potentielle qu’une jeunesse en risque peut représenter pour la stabilité de la région, pas ou peu de politiques volontaristes et de réalisations concrètes ont été définies ou réalisées à son profit. De plus, le manque de confiance des jeunes envers les politiques menées dans leurs pays respectifs se traduit par une envie de migration légale. La faible inclusion de la parole des jeunes dans les médias La jeunesse représente une partie importante de la population dans les pays du Maghreb et son inclusion dans la société constitue un enjeu majeur. Pour rappel, les 15-24 ans représentent 20% de la population du Maroc, 18,9 % de la population en Tunisie et 15,9 % de la population en Algérie. Cette population, plus instruite, plus connectée et plus mobile, faisant face au poids de la culture dite traditionnelle, peut devenir un moteur de croissance pour la région (Les experts estiment que la dynamique démographique sera d’une importance cruciale pour au moins les deux prochaines décennies) à condition que les autorités politiques et les différents acteurs économiques lui laissent l’espace nécessaire pour s’exprimer et se réaliser. La parole de cette jeunesse en demande d’émancipation est encore insuffisante sur les médias traditionnels, par ailleurs peu enclins à aller recueillir l’information sur le terrain ; Sur les réseaux sociaux, très consommés par la jeunesse, leur parole est présente pour le meilleur et le pire. Les enjeux sur la région et le rôle des associations ou ONG Face à ces constats défavorables qui pèsent sur les conditions de vie et perspectives économiques, sociales et politiques de la jeunesse au Maghreb, nous observons une grande effervescence de projets en direction des jeunes. L’accroissement du nombre d’initiatives, publiques, associatives voire privées, a multiplié les possibilités de concertation et de participation du plus grand nombre dans les décisions régissant la vie des citoyens et de la cité. Le tissu associatif joue aujourd’hui un rôle de plus en plus important pour une meilleure inclusion des jeunes dans la société, en complémentarité avec les actions et politiques publiques, à travers : – les actions des associations ou ONG en faveur des centres d’intérêt et préoccupations des 15- 24 ans, – les initiatives de création d’organisations de jeunes par des moins de 25 ans, – et la participation active des 15-24 ans au sein des associations ou ONG existantes. En effet, du fait de leur mode opératoire, de leur champ d’activité et de leur connaissance des contextes locaux, les associations et ONG sont des acteurs essentiels du développement et des interlocuteurs importants en matière de politiques publiques. Ces organismes peuvent peser fortement sur la place de la jeunesse et la libéralisation de sa parole : – Dans les médias, révélateurs majeurs des changements sociétaux, en se positionnant auprès de ces derniers comme des référents/relais/personnes ressources, en termes de données concernant la jeunesse et en termes de viviers de jeunes susceptibles de témoigner, afin d’animer plus amplement un débat sur la jeunesse ; 1 Ils seraient 4 000 à 5 000 tunisiens à avoir rejoint les rangs de Daesh, alors qu’on n’en dénombre environ 400 en Algérie.
Titre du rapport : Arab Human Development 2016
– Face aux décideurs politiques qui manquent de données fiables sur les 15-24 ans en se positionnant auprès de ces derniers comme témoins référents à travers les constats relevés durant les actions menées : modes de vie, conditions socioéconomiques, valeurs, besoins et attentes…, – En devenant eux-mêmes des médias d’informations en ligne, en produisant de l’information, en partageant leurs connaissances et en créant des outils numériques valorisant leurs activités, – En permettant à la jeunesse de devenir des producteurs de l’information qui les concerne en s’investissant dans les actions menées par les associations et les ONG mais aussi par des organisations publiques qui dépendent des Etats ou des collectivités locales. Toutefois, de récentes organisations créées par des 15-24 ans, sont en demande de professionnalisation en termes de valorisation de leurs actions, de production et de diffusion de l’information relative aux 15-24 ans, sur les antennes des médias et sur les réseaux sociaux. Ce constat a notamment été relevé lors du « Forum jeunesse », organisé à Sfax (Tunisie) en octobre 2017, réunissant 200 jeunes du Maghreb et d’Afrique.
- Le projet européen « YouthRoom » Durant l’été 2017, à travers la constitution d’un consortium, CFI a répondu à l’appel à projet européen « YouthRoom » et à ce jour, fait partie de la liste des opérateurs shortlistés susceptibles de le piloter. Le projet « YouthRoom » a été conçu sur la base d’études disponibles sur la Jeunesse (ou plutôt «les jeunesses ») dans le voisinage méridional qui démontrent que les jeunes ont le sentiment d’être exclus des dynamiques sociale, économique, professionnelle, politique et religieuse de leur pays, et qu’ils sont frustrés de ne pouvoir influencer l’élaboration des politiques en étant confinés à un rôle d’observateurs. Selon les conclusions du projet « SafirLab » de CFI et de l’Institut français, ils ont pourtant un fort potentiel d’entreprenariat social et souhaitent s’impliquer activement dans la vie de leur pays. « YouthRoom » a été conçu afin de «contribuer à la citoyenneté active et à l’autonomie des jeunes des pays du voisinage méridional ciblés en utilisant comme vecteur les médias en ligne» (objectif général du projet). A terme, le projet contribuera : – À mieux intégrer les jeunes dans les stratégies jeunesse au niveau national et au niveau des bailleurs multilatéraux et à davantage impliquer les jeunes dans les processus de décision ; – À réduire le fossé entre les jeunes et les médias dans la région, et à diminuer la méfiance que les jeunes entretiennent vis-à-vis des médias ; ils comprendront que c’est un outil qui leur permet à la fois de s’informer, d’être « mieux compris » et mieux intégré dans la société. Si CFI devait remporter le projet « YouthRoom » : – La conduite de ce dernier en serait facilitée grâce à l’étude terrain mené dans le cadre du projet « Jeunesse et Média » ; – Par la conduite des deux projets, des résultats significatifs en termes de meilleure inclusion des jeunes dans la société seraient obtenus par CFI.
- CFI dans la région L’activisme des jeunes a pu se révéler lors des révolutions arabes, notamment à travers les réseaux sociaux et les médias en ligne. Mais aujourd’hui, après six ans de recul, on constate des limites à l’exercice que les médias pourraient jouer vis-à-vis des jeunes de la région. Les évaluations conduites par CFI dans le secteur des médias et de la jeunesse montrent que les jeunes ne se sentent pas suffisamment représentés dans les médias et que l’offre médiatique qui les touche est limitée, tant dans les contenus que les formats des programmes (formats traditionnels qui ne correspondent pas aux nouveaux modes de consommation) et les langues proposées (projet Shabab up – 2012/2015); En particulier au Maghreb, la langue des médias traditionnels leur est souvent peu familière, qu’il s’agisse de l’Arabe classique ou du Français ; Peu de médias s’expriment dans leur langue ou dialecte local (Forum jeunesse organisé par CFI Mars 2017). Par ailleurs, selon les ateliers organisés dans le cadre de Net Med Youth, les jeunes expriment le souhait de jouer un rôle plus actif dans les médias (être producteurs de contenus et pas seulement récepteurs). En conséquent, ils se tournent davantage vers les médias sociaux et les médias en ligne qui leur offrent davantage de possibilité d’interactions et de publications de contenus. Mais la qualité des productions est inégale et les phénomènes de « fake news », discours de haine, délation, et manipulation sont un phénomène préoccupant. Enfin, les projets menés par CFI montrent que les jeunes souhaitent développer des initiatives médiatiques autour de la redevabilité, la transparence dans la vie publique et l’information locale, mais qu’ils sont freinés par un manque de méthodologie dans la mise en œuvre de leurs projets et ont besoin de mise en réseau et de financement. L’ensemble de ces éléments, issus des nombreuses activités réalisées par CFI sur la région, démontrent le développement de stratégies jeunesse, initiées et menée par la jeunesse. Ainsi, à travers une démarche innovante par son approche, CFI mobilisera les moyens nécessaires, durant trois ans, pour contribuer au développement du leadership des organisations portant des initiatives et actives auprès des 15-24 ans dans le cadre du projet « Jeunesse et Médias », par un accompagnement favorisant : La structuration d’un réseau régional d’organisations actives auprès des 15-24 ans qui participera à accroître l’intérêt des médias sur les problématiques des jeunes, La diversification de la production et de la diffusion de contenus valorisant leurs actions auprès des médias et du public jeune afin de libérer la parole des 15-24 ans, L’accroissement de la participation et de la représentation des jeunes dans les médias, dans l’objectif d’une meilleure inclusion des jeunes dans la société.
- Objectifs de l’étude et attentes de CFI
- L’objectif général L’objectif de cette étude est de mener une analyse préalable et prospective des organisations associatives, publiques et privées dont les actions répondent aux préoccupations des 15-24 ans et dont les 15-24 ans sont les principaux bénéficiaires, en Algérie, au Maroc et en Tunisie (Thématiques prioritaires : l’emploi, l’environnement, la culture et l’éducation), qui souhaitent valoriser leurs actions par la production de contenus et contribuer à accroitre la représentation des jeunes dans les médias.
- Les objectifs spécifiques – Disposer d’une analyse synthétique des politiques publiques en faveur de la jeunesse (15-24 ans) dans chaque pays ; – Disposer d’une analyse synthétique du cadre légal dans lequel évoluent les différentes organisations travaillant pour, auprès ou avec des jeunes dans chaque pays ; – Disposer d’un listing détaillé et d’une cartographie des organisations actives auprès des15-24 ans et répondant à leurs préoccupations : Emploi, Environnement, Culture, Education ….
- Les résultats attendus Une analyse synthétique des politiques publiques en faveur de la jeunesse (plans nationaux…..) en Algérie, Maroc et Tunisie ; Une analyse synthétique du cadre légal dans lequel évoluent les organisations en Algérie, au Maroc et en Tunisie (autonomie, règlementation.…) ; Un listing détaillé et une cartographie des organisations actives auprès des 15-24 ans et dont les actions portent sur leurs préoccupations et centres d’intérêt : Emploi, Environnement, Culture, Education. Le listing détaillé devra préciser : o le domaine d’intervention parmi les 4 thématiques identifiées dans cet appel, o le type d’actions des organisations (plaidoyer, séminaires, formations…) o la moyenne d’âge des membres des Organisations, o les sources de financement (soutiens éventuels de bailleurs nationaux et internationaux) o le type d’appui reçu (subvention, expertise..), o la présence sur le net et sur les réseaux sociaux (site, blog, page Facebook, compte Twitter…) o l’infrastructure de d’organisation : locaux, équipement informatique, … Le listing détaillé des organisations devra être réalisé en s’appuyant sur une série d’entretiens, in situ et/ou téléphoniques, avec les responsables des organisations et devra fait apparaitre au moins un témoignage d’un responsable d’une organisations et un témoignage d’au moins 2 jeunes bénéficiaires des actions des organisations.
- Les cibles de l’étude Cette étude porte sur les organisations actives auprès des 15-24 ans dont les actions portent sur leurs préoccupations et centres d’intérêt des 15-24 ans (Thématiques prioritaires : Emploi, Environnement, Culture, Education) et dont les actions ont un impact auprès de la jeunesse (les 15-24 ans sont les principaux bénéficiaires des actions des organisations) en Algérie, au Maroc et en Tunisie.
- Méthodologie de conduite de l’étude et livrables attendus Les candidatures sont limitées à un lot par soumissionnaires. Les candidatures valorisant une expertise pays seront prioritaires dans la notation des offres. Livrable attendu du (des) consultant(s) : Préalablement au démarrage l’étude, une note de cadrage de 5 pages maximum qui résume les enjeux de l’étude, précise la démarche méthodologique pour la conduire, présente les outils d’analyse (matrice, échantillonnage…) et détaille le calendrier d’exécution
- L’analyse documentaire La durée nécessaire pour cette phase d’analyse documentaire sera déterminée d’un commun accord entre le soumissionnaires et CFI. CFI fournira une liste non exhaustive d’organismes à contacter dans les trois pays disposant d’informations susceptibles de faciliter la recherche et les contacts avec les organisations. Livrable attendu du(des) consultant(s) : La liste des organisations identifiées par thématique La liste prévisionnelle des organisations qui feront l’objet d’un entretien Le premier rapport concernant les politiques nationales et le cadre légal dans lequel les organisations évoluent
- L’enquête de terrain Au minimum, 10 jours ouvrables (plusieurs consultants pourront être mobilisés simultanément) seront consacrés à l’enquête de terrain qui se déroulera sur le pays concerné par le lot. Les entretiens avec les organisations seront conduits sur la base d’une grille d’entretien dont les grands chapitres seront discutés avec CFI avant réalisation et pour validation par CFI. Ces entretiens doivent permettre de recueillir les éléments pouvant renseigner les résultats attendus de l’étude. Livrables attendus du (des) consultant(s) : Un rapport d’une vingtaine de pages, hors liste et contacts des organisations et autre annexes, et qui comprend en outre un résumé d’une page, ainsi qu’un relevé des préconisations.
- Calendrier – Remise des offres au plus tard le lundi 20 novembre 2017 à 15h heure de Paris – Réunion de cadrage (en présentiel ou à distance) le vendredi 24 novembre2017 – Remise de la note de cadrage au plus tard le vendredi 1er décembre 2017 – Analyse documentaire entre le lundi 4 et vendredi 22 décembre 2017 – Mission de terrain entre le lundi 8 janvier 2018 et le mercredi 17 janvier 2018 – Remise du rapport au plus tard le mercredi 24 janvier 2018 – Restitution et validation définitive du rapport entre le vendredi 26 et mardi 30 janvier 2018 5. Conditions de remise des offres L’offre est à envoyer par email à : jeunesseetmedias@cfi.fr Elle est ainsi composée : – D’une offre technique de 5 pages maximum qui développe la compréhension des termes de références par le(s) soumissionnaires(s) et présente la méthodologie proposée pour conduire l’étude. Un calendrier indicatif de réalisation de l’étude doit également être fourni. L’offre précise aussi l’organisation de la prestation : affectation des tâches par consultant(s) mobilisé(s). – D’une offre financière qui reprend l’affectation des taches dans un budget HT détaillé pour l’ensemble de la prestation (y compris les éventuels frais de transport, hébergement, etc…) dont le montant total ne doit pas excéder 15 000 euros/pays.