Le ministère de la Communication a organisé mercredi, au Golden Tulip Farah de Casablanca, une journée d’étude sur le thème “La place de la femme journaliste dans le paysage médiatique”. Une rencontre qui s’inscrit dans le cadre d’un partenariat avec le Réseau des femmes journalistes du Maroc (RFJ). Des ateliers ont été organisés pour réfléchir à des thématiques liées aux même sujets. Les recommandations devront servir de base à la réalisation d’une étude sur le même thème.
Dans un secteur en pleine mutation en termes d’organisation et de législation, la situation de la femme et son rôle dans le paysage médiatique marocain est un sujet à examiner.
Telle est la motivation du ministère de la Communication, qui a organisé mercredi une journée d’étude, en partenariat avec le Réseau des femmes journalistes du Maroc (RFJ), portant sur “La place de la femme journaliste dans le paysage médiatique”.
D’emblée, le ministre de la Communication Mustapha El Khalfi a dénoncé une faible présence de la femme journaliste marocaine dans les médias, contradictoire avec l’esprit de la Constitution et les politiques nationales en matière de genre.
L’objectif de la journée a été également de définir les actions à mettre en place afin que la femme journaliste puisse contribuer efficacement à la modernisation et la structuration des médias.
“Nous sommes dans une situation de crise d’accès des femmes aux postes de décision. Toutes les mesures demeurent insuffisantes en l’absence d’un accompagnement adéquat en termes de renforcement des capacités et compétences, à travers notamment la formation et la formation continue.” Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication.
Quatre exposés ont été présentés autour des conditions de travail des femmes journalistes, de la formation et la formation continue, du harcèlement, ainsi que de l’accès des femmes aux sphères de décision.
L’exposé portant sur le dernier point a été présenté par Khadija Errabbah, coordinatrice du Mouvement pour la démocratie paritaire (MDP). Cette dernière a donné les chiffres relatifs à la présence de femmes dans les sphères de décision.
Des chiffres inférieurs aux attentes
Khadija Errabbah n’a pas manqué de citer la présence d’une unique femme au sein du gouvernement, 17,3% de femmes au Parlement, 12,3% au sein des communes, 15% à la tête des postes de responsabilités dans les administrations, et 19% de femmes juges.
“En se basant sur les chiffres, la plupart des pourcentages ne dépassent même pas le tiers. Cela veut dire qu’on a un long chemin à faire en matière de lois et qu’il faut un grand travail pour un changement de mentalité.” Khadija Errabbah.
La coordinatrice du MDP a également animé l’atelier sur “l’accès aux sphères de décision”, qui a présenté, outre la définition et l’accès limité des femmes aux centres de décisions, des recommandations et des solutions afin que les femmes puissent prendre, exécuter et assumer la décision.
Accès de la femme aux sphères de décisions
Les participantes ont, pour leur part, estimé que la politique de recrutement, les conditions discriminantes ainsi que la culture au sein de l’entreprise représentent, entre autres, les raisons d’un accès limité des femmes aux centres de décisions.
“L’idée n’est pas que les femmes arrivent aux centres de décisions, mais il s’agit d’un enjeu culturel et d’un enjeu de société”, selon Bouchra Bourara, , directrice adjointe du département Étude et Développement au sein de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA).
L’objectif de la rencontre est de souligner le rôle des médias “pour qu’ils servent de locomotive afin de changer la mentalité des gens”.
“La femme ne cherche pas la responsabilité, non pas parce qu’elle ne la mérite pas, mais parce elle a, par exemple, peur de l’image qui colle à la femme qui arrive à des postes de responsabilité. Dans notre culture, le responsable est d’emblée un homme. Globalement, le problème que nous avons est culturel.”Bouchra Bourara.
Les participantes à l’atelier ont revendiqué, dans le cadre des solutions proposées, le changement de mentalité, l’alternance en matière d’accès aux postes de décisions, la transparence en matière de politique de recrutement, l’amélioration des outils d’accompagnement des femmes qui se trouvent dans des postes de décision.
L’égalité des chances, l’actualisation de l’arsenal juridique favorable à la parité, la médiatisation des modèles de femmes à la tête des centres de décision, ainsi qu’une étude sur le terrain concernant la situation de la femme dans le domaine des médias, ont été également proposées comme solutions.
Parallèlement, trois autres ateliers portant sur la formation et la formation continue, les conditions de travail, et le harcèlement ont été organisés.
Les conclusions et recommandations de cette journée d’étude serviront de base à la réalisation d’une étude sur la place de la femme journaliste dans les médias, qui sera élaborée par le ministère de la Communication et le RFJ.
Un projet d’Observatoire pour la promotion de l’image de la femme
Le ministre de la Communication a également annoncé qu’un projet de décret portant création d’un Observatoire national pour la promotion de l’image de la femme dans les médias est en cours d’élaboration.
28%: Le nombre de femmes journalistes détentrices de cartes de presse ne dépasse guère les 28% (600 journalistes), soit largement en deçà des dispositions de la charte adoptée en 2005 sur la promotion de la présence de la femme dans les médias.
Un autre chiffre qui reflète clairement cette disparité est celui du nombre de femmes éditrices qui est de 32 sur un total de 322.
De son côté, la présidente du RFJ, Nezha Mghari, a indiqué que la rencontre ambitionne, entre autres, de diagnostiquer la place et la présence de la femme dans les médias et ses conditions de travail, en vue de lui permettre de mieux exercer son métier.
La rencontre marque également la première année d’existence du RFJ, créé en novembre 2011. Le réseau, fruit de l’initiative de sept journalistes fondatrices, est né afin de promouvoir la situation de la femme journaliste, de favoriser sa présence à tous les niveaux de responsabilité dans les médias, et de veiller à l’amélioration de sa représentation dans les médias.
Yassine Benargane
Source: www.aufaitmaroc.com