Selon les Nations unies, une femme sur trois dans le monde a déjà été victime de violences physiques ou sexuelles au cours de sa vie. État de la situation: rapports d’enquêtes, cartes, graphiques et statistiques par régions du monde.
Un fléau mondial
« La violence à l’égard des femmes est si répandue que chacun d’entre nous peut faire quelque chose pour la combattre. Nous devons unir nos forces pour faire disparaitre ce fléau, promouvoir une égalité pleine et entière entre les sexes et édifier un monde dans lequel les femmes et les filles seront en sécurité, comme chacune d’entre elles le mérite et pour le bien de l’humanité toute entière ». C’est ainsi que Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, a choisi de résumer cette situation dramatique le 25 novembre dernier, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes [1].
Faits et chiffres, selon l’ONU:
▶ 1 femme sur 3 dans le monde est victime de violence physique ou sexuelle, la plupart du temps par son conjoint ;
▶ En 2012, 1 femme sur 2 mortes dans le monde l’a été des suites de violences infligées par leur partenaire ou un membre de leur famille, contre seulement 1 homme sur 20 morts pour les mêmes raisons ;
▶ Plus de 133 millions de filles ont subi une forme de mutilation génitale féminine dans les 29 pays d’Afrique et du Moyen-Orient où cette pratique est la plus courante ;
▶ Dans le monde, plus de 700 millions de femmes aujourd’hui mariées l’ont été enfant, dont 250 millions avant l’âge de 15 ans.
Toutes les régions du monde sont touchées : seuls les deux tiers des pays disposent de lois contre la violence conjugale, et 52 pays – sur les 197 reconnus par l’ONU – ont explicitement criminalisé le viol conjugal. Concrètement, 2,6 milliards de femmes et de filles vivent dans des pays n’ayant pas explicitement criminalisé le viol.
Toutes les catégories socio-économiques et culturelles sont concernées
Même s’il convient d’admettre que les inégalités socio-économiques sont des facteurs aggravants, notamment le chômage, la violence faite aux femmes sévit dans toutes les catégories sociales, économiques et culturelles, en milieu urbain ou rural et ce, quel que soit le contexte éducatif ou religieux.
La perception biaisée du phénomène proviendrait en réalité de son traitement médiatique. « S’il vient d’un milieu aisé, le criminel est traité avec bienveillance par les médias. S’il est issu d’une couche défavorisée, et plus encore d’une famille immigrée, la stigmatisation est de rigueur. Pourtant, la violence touche les femmes des beaux quartiers tout autant que celles des banlieues »[2].
Le profil de l’agresseur n’est donc pas toujours celui que l’on s’imagine. « Il s’agit en majorité d’hommes bénéficiant par leur fonction professionnelle d’un certain pouvoir. On remarque une proportion très importante de cadres (67%), de professionnels de la santé (25%) et de membres de la police ou de l’armée », commente le professeur Roger Henrion, membre de l’Académie nationale de médecine et responsable d’une étude menée pour le ministère de la Santé [3].
Une violence conjugale trop souvent justifiée
Selon l’UNICEF [4], dans plus de la moitié des pays où la violence conjugale est constatée, les femmes la justifient plus encore que leurs partenaires masculins. Ainsi, au Burundi en 2013, 73% des femmes contre 44% des hommes pensent qu’un mari est en droit de frapper son épouse si elle brûle le repas, se dispute avec lui, sort sans son autorisation, néglige les enfants ou refuse d’avoir des rapports sexuels. Il en va de même en Éthiopie où 68% des femmes trouvent ces violences légitimes contre 45% des hommes, ainsi qu’au Cambodge (46% des femmes contre 22% des hommes).
La vie de couple incarne un idéal, dont les femmes victimes de violences conjugales sont souvent prisonnières psychiquement. Selon Marie-France Hirigoyen, docteure en médecine spécialisée en psychiatrie, le processus d’emprise se déroule en deux temps : la phase de « séduction narcissique » destinée à fasciner l’autre et à le paralyser, suivie de « procédés violents de plus en plus manifestes » [5]. La femme, empêchée de se révolter, devient obéissante et absout son agresseur en légitimant la violence qu’elle subit.
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Carte de la justification des violences conjugales dans le monde.
Les paramètres comportementaux évoqués ci-dessus doivent impérativement être pris en compte lorsqu’il s’agit d’interpréter les statistiques relatives aux violences faites aux femmes. L’absence de données objectives quant à la situation des femmes au Moyen-Orient (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Koweït, Qatar, Oman etc.) met en exergue les difficultés d’évoquer tout ce qui a trait à la notion de conjugalité. Si les statistiques de pays comme l’Afghanistan, l’Égypte, ou bien encore la Jordanie démontrent des conditions de vie souvent difficiles pour la femme, il n’en demeure pas moins que leur parution prouvent une certaine clarté voire prise de conscience. Aussi, le « silence » sur cette thématique peut laisser présager des conditions de vie plus dures encore en matière d’égalité homme/femme.
A l’inverse, il peut paraître surprenant que les femmes scandinaves semblent plus concernées que les autres européennes par les violences psychologiques ou le harcèlement [6]. Mais l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (UE) n’omet pas de préciser que dans ces pays, très en avance en matière d’égalité des genres, « les femmes se sentent sans doute davantage légitimes à dénoncer ce qui leur arrive ».
Femmes victimes de violences par continent [7]
Source : http://atlasocio.com/revue/societe/2015/violences-envers-les-femmes-dans-le-monde-l-etat-de-la-situation.php